Libreville, 5 mars 2025 – Coup de théâtre sur la scène politique gabonaise. Moins de deux semaines après avoir annoncé sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 12 avril 2025, le professeur Noël Bertrand Boundzanga a décidé de se retirer de la course. Un choix qu’il justifie par un climat politique défavorable et des doutes sur l’intégrité du processus électoral.
Le 20 février dernier, Noël Bertrand Boundzanga, enseignant-chercheur en littérature et figure engagée de la société civile, officialisait sa volonté de briguer la magistrature suprême.
Se présentant comme une alternative aux figures politiques traditionnelles, il souhaitait incarner le renouveau démocratique au Gabon. Son programme mettait l’accent sur la transparence, la bonne gouvernance et la refondation des institutions.
Cependant, ce 5 mars, lors d’une déclaration officielle, il a annoncé son retrait.
« Après analyse approfondie de la situation politique actuelle, il apparaît évident que les conditions d’une élection libre et transparente ne sont pas réunies », a-t-il déclaré, critiquant notamment l’implication du Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI) dans l’organisation du scrutin.
Dans son discours, Boundzanga a particulièrement fustigé la candidature du général Brice Oligui Nguema, actuel président de la transition. Pour lui, cette décision constitue une « trahison » envers le peuple gabonais. « Une transition réussie repose sur l’impartialité de ses acteurs. Or, nous assistons à une manœuvre qui remet en cause la sincérité du processus », a-t-il dénoncé.
Il s’agit là d’un nouveau coup porté à la crédibilité de l’élection, déjà critiquée par plusieurs observateurs nationaux et internationaux. De nombreux acteurs de la société civile expriment des craintes quant à la capacité des institutions de transition à garantir un scrutin équitable.
Si Noël Bertrand Boundzanga quitte la course à la présidence, il n’abandonne pas pour autant son engagement politique. En janvier 2025, il avait lancé la plateforme « Telema » (qui signifie « Lève-toi » en langues locales), visant à promouvoir l’alternance démocratique et un développement socio-économique équitable au Gabon.
« Mon combat ne s’arrête pas ici. Nous devons continuer à exiger des réformes et une véritable transition démocratique », a-t-il affirmé à ses partisans.
Avec ce retrait, la présidentielle gabonaise perd un candidat qui se voulait porteur de changement. Reste à voir si cette décision influencera le déroulement du scrutin et si d’autres figures de l’opposition suivront son exemple.
La décision de Boundzanga intervient dans un climat politique déjà marqué par de nombreuses incertitudes. L’annonce de la candidature du général Oligui Nguema a suscité des réactions contrastées, certains y voyant une continuité du régime militaire, tandis que d’autres considèrent qu’il pourrait incarner une certaine stabilité.
À un peu plus d’un mois du scrutin, la question de la transparence du processus électoral reste en suspens. L’opposition et la société civile réclament des garanties pour éviter toute tentative de confiscation du pouvoir.
L’avenir politique du Gabon se joue donc sur les prochaines semaines, et la présidentielle du 12 avril s’annonce d’ores et déjà sous haute tension.
Stelly Neomy
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