reflexeinfos.com

l'infos pour tous

Claudine Aïcha Tsoumbou : Un combat pour la vérité et la justice au Gabon

partagez l'article

De retour d’une rencontre interafricaine des défenseurs des droits de l’homme au Ghana, où elle a plaidé pour la mise en place d’une commission « Vérité, Justice et Réparation » au Gabon, Claudine Aïcha Tsoumbou a tenu un point de presse à Libreville. Militante infatigable des droits de l’homme, elle est aujourd’hui une figure incontournable du combat pour la vérité et la justice dans son pays. Son nom reste associé aux événements tragiques de 2016, lorsqu’elle a porté assistance aux blessés après l’attaque du QG de Jean Ping par les forces de sécurité. Un engagement qui lui a valu persécutions, torture et un exil forcé au Cameroun pendant trois ans.

Surnommée « l’infirmière du QG », Claudine Aïcha Tsoumbou a été témoin des violences post-électorales qui ont secoué le pays après l’élection présidentielle contestée de 2016. Alors que des centaines de Gabonais réclamaient la vérité sur les résultats électoraux, la répression a été brutale. Elle-même a été arrêtée, enlevée et torturée avant de fuir vers le Cameroun, où elle a continué son engagement en exil.

Depuis son retour au Gabon, elle milite activement pour la mise en place d’une commission « Vérité, Justice et Réparation », une exigence qu’elle n’a cessé de porter devant l’opinion publique et les autorités de la transition. Son engagement lui a toutefois valu de nouvelles persécutions : en juin 2024, elle a été rouée de coups par des militaires à Libreville, un épisode qui a choqué de nombreux défenseurs des droits humains.

Hier, lors d’un point de presse tenu à Libreville, Claudine Aïcha Tsoumbou a une nouvelle fois interpellé les autorités et l’opinion publique sur la nécessité de reconnaître officiellement les atrocités commises en 2016. Elle a dénoncé l’inaction du gouvernement de transition face aux demandes des familles des victimes et a insisté sur l’importance d’une justice réparatrice.

« Il est temps que la vérité éclate. Les Gabonais ne peuvent pas tourner la page sans justice. Nous demandons une reconnaissance officielle des crimes de 2016 et la mise en place d’une commission indépendante », a-t-elle déclaré avec force.

Elle a également mis en garde contre les risques d’une nouvelle crise politique à l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Selon elle, sans réformes profondes et un climat de confiance rétabli entre les citoyens et les institutions, le pays pourrait revivre des tensions similaires à celles de 2016.

Lors de son intervention, Claudine Aïcha Tsoumbou a aussi exprimé sa déception face à l’attitude de Jean Ping, pour qui de nombreux Gabonais avaient placé leur espoir après l’élection de 2016. Elle a regretté qu’il ait abandonné l’Association Réconciliation et, plus largement, le combat qu’il incarnait aux yeux de ses partisans.

« Nous avons soutenu Jean Ping, nous avons cru en lui, mais il nous a laissés seuls face à nos souffrances. Aujourd’hui, nous devons avancer sans lui et trouver d’autres voies pour obtenir justice », a-t-elle affirmé.

Malgré les douleurs du passé, Claudine Aïcha Tsoumbou espère que l’élection du 12 avril 2025 permettra au pays de prendre un nouveau départ. Elle souhaite voir le président actuel de la transition remporter le scrutin afin qu’il puisse tenir ses promesses et mettre en place les réformes nécessaires pour panser les blessures de la nation.

« Nous voulons croire que le président de la transition tiendra parole et qu’il fera la lumière sur les événements de 2016. Cette élection est une opportunité pour que la vérité éclate enfin et que justice soit rendue », a-t-elle déclaré.

Si son engagement lui attire des soutiens, il la place également sous une pression constante. Victime de menaces, elle reste néanmoins déterminée à poursuivre son combat. Son appel a déjà trouvé un écho auprès de plusieurs organisations internationales de défense des droits humains, qui exhortent les autorités gabonaises à garantir sa sécurité et à prendre en compte ses revendications.

Dans un contexte électoral incertain, la voix de Claudine Aïcha Tsoumbou résonne comme un rappel que les blessures du passé ne sont pas refermées. Reste à voir si les autorités en place prendront enfin en compte les demandes d’une femme qui, malgré tout, refuse de se taire.

Stelly Neomy

partagez l'article